Cette assemblée d’automne était consacrée aux suites du rapport de la Ciase sur les abus commis en Eglise.
Du 2 au 5 novembre : les évêques ont écouté des victimes d’abus et des pauvres ;
C’est l’écoute des victimes, en direct, disant leur vie abîmée, leur solitude et le silence de l’Église, qui a fait basculer les dernières résistances pour reconnaître par un très large consensus :
« la responsabilité institutionnelle de l’Église »,
« la dimension systémique de ces violences »,
« un devoir de justice et de réparation » entraîné par cette reconnaissance de responsabilités.
Ces décisions ont été rendues publiques le 5 novembre par un communiqué du président de la Conférence des évêques de France Mgr Eric de Moulin Beaufort.
Le 5 et 6 novembre, des représentants des mouvements d’Église, d’Action Catholique ainsi que des nouvelles communautés de la collégialité de Promesse d’Église, étaient invités à participer à la réflexion sur les recommandations de la Ciase. C’est dans ce cadre que le MCR a participé à l’un des carrefours composés de laïcs et d’évêques ; et dans un deuxième temps a participé à trois ateliers concernant chacun une ou deux recommandations de la Ciase.
Représentant le MCR je dirai maintenant ce que j’ai pensé et ressenti durant ces deux demi-journées. J’ai d’abord été frappée par l’écoute des évêques que j’ai pu approcher et par la convergence de nos points de vue. Ni fausse politesse, ni adhésion convenue, ni surplomb, mais une réelle curiosité pour savoir ce que nous faisions, pensions et souhaitions. C’était comme s’ils avaient besoin de sentir à leur côté ce « peuple de Dieu » que nous représentions, à un moment où ils vivent une très grande épreuve et ressentent leur fragilité.
Cette impression fut, pourrais-je dire, scellée par les deux célébrations du samedi matin : célébration mémorielle devant la plaque apposée sur le mur proche de l’église Sainte Bernadette avec un texte de victime lu par une victime. Et, en passant « sur l’autre rive » du Gave, ce fut la célébration pénitentielle devant l’Église du Rosaire : l’écoute du glas par 300 personnes environ, parfaitement immobiles et silencieuses ; puis au pied d’une croix rouge dressée pour la circonstance, la demande de pardon à genoux de Mgr Eric de Moulin Beaufort et de sœur Véronique Margron et la lecture par deux laïcs de la prière du « serviteur souffrant ».
Les grognons que nous sommes en France peuvent dire – et je l’ai entendu et lu – que « tout ça, c’est une belle opération de com. » Mais pas pour ceux qui l’ont vécu.
C’était un moment très impressionnant qui donnait un signe fort engageant l’avenir. Il y aura un avant et un après. Un moment irréversible, par la promesse d’un calendrier pour jalonner les réformes de la gouvernance de l’Église, par l’intégration plus affirmée de laïcs et de femmes dans les instances de gouvernement, de gestion, de méthode, de suivi et d’accompagnement…
Pour conclure, comment ne pas voir, dans le « télescopage » de dates entre la publication du rapport de la Ciase et le démarrage du Synode, non un hasard, mais plutôt un signe de la Providence où le Seigneur semble nous donner la direction à suivre pour faire évoluer l’Église ? C’est maintenant à nous tous baptisés de nous saisir de cette prise de responsabilité qui nous est offerte, de nous réveiller d’une obéissance paresseuse pour dire l’Église que nous voulons, et de faire en sorte, par nos engagements, de la faire naître.
Catherine Decout,
novembre 2021